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PAROLES DE FOU

27 mai 2011

Abderrahmane ZenatI PAROLES DE FOU


 

paroles de fou.JPG

 

 

 

 

Extrait: 

 

"... Chère Zanya...Après presque cinq années d’amour et de vie commune dans un mariage sacré, aujourd’hui, après m’avoir humilié, blessé au plus profond de moi-même et délaissé comme un objet inutile, tu continues d'une manière satanique à me frotter le nez dans la boue avec les mots-sabre, de tes médisances …
Jusqu’à maintenant, Zanya, je trouvais tes manœuvres et tes phrases sournoises vraiment basses, impertinentes et ne voulais malgré tout entrer dans ton jeu malsain…
Où veux-tu en venir ? 
Pourquoi t’acharnes-tu à me dénigrer ? 
J’avoue, Zanya, qu’avec ces manigances indignes, je t’y reconnais plus, maintenant!… 
Tu viens de me donner encore une fois la preuve que, pour une femme qui se dit médecin et « spé-cia-liste en plus », tu as une dialectique complètement étrange. 
Nous n’avions pas que de mauvais souvenirs, nous en avions même de merveilleux. 
Comment oses-tu, Zanya, salir ainsi tout ces moments magnifiques de bonheur et de tendresse que nous avons vécus ensemble, toi et moi ? 
Comment, toi qui disais que j’étais pour toi « l’homme le plus bon et le plus tendre dans ce monde méchant », maintenant que le destin nous a séparés, oses-tu répandre partout avec délectation que je ne suis un « Paysan, sans le sou et sans aucun savoir vivre… » !… 
Toi, Zanya, femme médecin et « spé-cia-liste en plus », comme tu aimais à me le répéter à longueur de journée, tu te conduits franchement avec ces clabauderies comme ces vieilles concierges incultes et volubiles… 
Toi, Zanya, une femme que je croyais à tort mondaine, cultivée, respectée et estimée, tu agis stupidement comme ces masseuses de bain maure analphabètes et loquaces !… 
Je t’en supplie, Zanya, puisque désormais tu ne sembles trouver ton plaisir que dans les ragots et les commérages, épargne au moins nos bons, nos louables et nos magnifiques souvenirs… 
Si nous ne sommes plus mari et femme, soyons au moins capables de rester de bons amis. Ne devenons pas bêtement des ennemis l’un pour l’autre… 
« Paysan, sans le sou et sans aucun savoir vivre… » !… 
Comme disent les Chrétiens : « chacun à sa croix à porter » Ne m’en ajoute pas sur le dos une autre qui pèse des tonnes. 
« Paysan, sans le sou et sans aucun savoir vivre… » !… 
Je suis vraiment triste pour nous deux. Car, malgré tout ce que tu m’avais fait, Zanya, ces cinq années conjugales avec toi ont été les plus belles de ma vie. 
N’en gâchons aucun souvenir… 
Ils sont pour moi des moments à la fois respectables et inestimables… 
« Paysan, sans le sou et sans aucun savoir vivre… » !… 
As-tu oublié nos longues nuits d’amour et tous nos merveilleux instants de bonheur ?… 
Si tu es incapable de rester fidèle à l’homme que je suis, reste au moins fidèle à mes souvenirs… 
« Paysan, sans le sou et sans aucun savoir vivre… » !… 
Et dire que je croyais toujours à tort que tu m’aimais comme je t’aimais !…
Oh, Oui Zanya !…
Je t’ai tellement aimée. 
Dieu seul sait comme je t’ai aimée, Zanya. 
Mais je sais que ça t’est égal à toi, qui n’aimes personne. 
Même pas toi-même… 
Tu n’aimes que l’argent... » 
« Paysan, sans le sou et sans aucun savoir vivre… » !…
Bien !…
Continue à dire ce que tu veux, Zanya… Quand on veut noyer son chien… Tu connais le proverbe… 
La vérité, Zanya, c’est que j’étais bon, trop bon avec toi jusqu’à la faiblesse… jusqu’à la lâcheté… 
C’est ce qui a fait mon malheur et c’est ce qui t’a encouragée à faire de moi ton esclave soumis et résigné… 
C’est ce qui t’a incitée à me ravir ma dignité d’homme, ma responsabilité de mari, mon honneur jusqu’à faire de moi un homme tolérant tout, aveuglément… jusqu’à faire de moi un cocu presque consentant…. 
J’aurais pu te dire que tu me reverras, Zanya.
Que tu n’as pas fini de t’acquitter de ta dette envers moi. 
Qu’il faudrait bien qu’un jour tu payes tout !… 
Mais, je te pardonne. 
Même si, comme tu le sais, j’ai été élevé dans la rue avec des êtres violents et sans scrupules, je te pardonne. 
Si l’université étrangère à fait de toi une femme prétentieuse, égoïste, athée, à moi, la rue, cette université de la vie, a donné une éducation humaine, une sensibilité, un bon sens, beaucoup de patience et la foi en Dieu…
Bien que je possède encore cette particularité des hommes marginaux, la misère, la famine, la vie avec les pauvres et surtout mon art ont fait de moi un homme naturel, droit, honnête et authentique. Un homme qui ose dire la vérité bien en face et sait se servir de sa force physique en cas de besoin et non à l’occasion. 
Sais-tu, Zanya, que pour ta lâcheté envers moi, j’aurais pu te châtier… 
J’ai tant de griefs contre toi que j’aurais pu avoir le plaisir de te donner mille et un coup de fouet jusqu’à ce que ta peau soit devenue comme un ciel d’orage aux éclairs figés…Jusqu’à des ce que des blessures béantes et profondes strient ton beau corps que j’ai tant possédé… Sans pitié, Zanya, j’aurais pu te plonger dans un chaudron d’eau bouillante, te couper la tête ou t’enterrer vivante dans une fosse que je t’aurais obligée à creuser toi-même ?…
Sais-tu, Zanya, que j’aurais même pu te découper en petits morceaux et manger ta chair salée et séchée au soleil pour apprendre aux femelles de ton genre à se moquer des hommes et à se croire plus futées et si importantes ?… 
Si je ne me suis pas servi avec toi de toute la violence que tu as fait naître en moi, c’est parce que tu étais une femme, ma femme, celle que j’aimais, hélas !… 
Je suis très heureux d’avoir dominé ces tentations violentes… mais il y a toujours au fond de moi un arrière goût d’amertume. 
Oui, Zanya !…
Tu as beaucoup de chance !…
Tu l’as échappé belle. 
Mais je te connais, Zanya. 
Ton goût effréné pour l’argent te perdra. 
Comme tu avais ruiné ton premier mari jusqu’à le pousser au suicide... Comme tu m’avais plumé et poussé au bord de la folie, ta tentation excessive pour le profit et ta conduite de femme dépravée te pousseront à dévorer le suivant… 
Fais attention à toi, Zanya.. 
Si ton malheureux ex avait choisi d’ensevelir ta perfidie avec lui dans la tombe, si moi, j’ai opté pour ma plume et ma palette pour armes… Ta prochaine victime pourrait être moins philosophe et moins patiente … 
Elle pourrait adopter une autre méthode plus radicale… 
Tu vois ce que je veux dire ? 
Oui, Zanya !… 
Comme ton ex, ce brave médecin qui ne ta pas massacré, pour tout le mal que tu lui avais fait, moi aussi je ne te tuerai pas !…
Je laisse ce soin pour un autre… 
Mais, comme à toi, l’argent inspire la ruse, la perfidie et le mal… A moi, la douleur sera désormais ma muse inspiratrice. Elle me poussera à faire des dizaines de livres sur toi et moi, des centaines de dessins, des milliers de peintures ! 
C’est cette souffrance, cette douleur et ce chagrin, que tu m’as infligés qui me guideront pas à pas dans le chemin épineux de la création… 
Comprends, Zanya, que c’est grâce à ton égoïsme excessif, à ton despotisme et à ton immense perfidie, que je deviendrais célèbre et de nouveau très riche… . 
« L’homme est un apprenti, la douleur est son maître », avait écrit le poète...
A partir de ce jour, Zanya, j’irais de l’avant sans doute, sans crainte, sans recul et sans regret !… 
Si toi, Zanya, tu n’avais pas été pour moi une bonne épouse, tu m’as au moins aidée à mieux me connaître. 
Tu as développé ma combativité et tu m’as appris le courage des vaincus et des opprimés. J’ai survécu à ton enfer, je survivrai à tout. Un jour, je gagnerai ! La vexation, le mépris et la torture morale que tu m’as faits subir, se sont métamorphosés aujourd’hui en engrais pour fertiliser mon imagination… Ils m’ouvriront bien des chemins, ceux de la réussite, de l’opulence et du plaisir. A toi, Zanya, ton cancan, tes mensonges, ta frime, ton arrogance, ton snobisme, ta rapacité pour le profit et la possession boulimique, te feront faire un jour le grand saut dans le gouffre du malheur, du désespoir et de l’agonie… 
« Paysan, sans le sou et sans aucun savoir vivre… » !… 
Bien ! 
Continues !... 
Ajoute la honte à mon malheur !... 
Mais, sache cependant que jamais rien n’est définitivement acquis. 
Rien n’est jamais irrémédiablement terminé. 
La partie pour chacun de nous demeure sans fin. 
L’existence est toujours un pari où la volonté d’un être blessé, comme moi, renaît de ses cendres… 
A ce mari qui fut le tien et que tu avais mal compris, injustement méprisé et inhumainement chassé, le destin donnera mille et une occasions de se relever. 
Oui, chère Zanya !…
Sache que même si je suis encore, par ta perfidie, déchiré dans mon amour propre et dans mes sentiments, j’arrive tant bien que mal à me relever... 
Ne crois pas que je suis un homme usé!... 
Ne crois pas que je n’ai plus de volonté. Et surtout, ne crois pas que tu puisses trouver un jour un homme qui t’aimerais autant que je t’ai aimée… 
« A certaines choses malheur et bon »…
Continue, Zanya, à cracher le venin de ta hargne sur moi. 
Cela ne me tuera pas. Tu peux dire ce que tu veux pour apaiser ta conscience tourmentée par tout le mal que tu m’as fait… 
Maintenant que je ne fais plus partie de ta vie, j’ai retrouvé enfin ma dignité, ma fierté et mon équilibre… Un jour, tout le monde saura quel genre femme tu es vraiment… 
Oui, même « paysan et sans aucun savoir-vivre », je réussirai un jour à me relever de ma torpeur et tu entendras partout parler de moi... 
Même si tu m’as ruiné et éloigné par tes roueries de mes enfants et de Fahima, ma première épouse que je n’aurais dus jamais quitter pour toi, je m’en sortirai bientôt de mon accablement !… 
Cela, je te le promets, «chère » Zanya ! ... 
Pour commencer, et puisque toi, tu ne passes ton temps qu’à divulguer nos secrets les plus intimes agrémentés de mensonges et de calomnies, moi, même ne sachant pas rédiger comme un Tahar Benjelloun ou un Driss Chraïbi, je vais tenter quand même d’écrire un bouquin sur notre vie. Je dirais tout, au risque de te déplaire. Et ne crois pas surtout que je vais le faire pour te diffamer ou dans le but de me venger de toi…Pas du tout !… 
Oui, Zanya !… 
Tu liras sur le « le paysan et sans aucun savoir-vivre », des articles dans les plus grands journaux… 
Tu le verras à la télévision et sur les pages d'Internet... 
Sa photo en couleur paraîtra en couverture de magazines... 
Oui, Zanya !…
Il y aura de célèbres journalistes de l’étranger qui se déplaceront pour venir me poser des questions sur mon art, sur mes pensées et même sur ma manière de vivre… 
J’en profiterai pour leur parler de toi, de ce que tu m’as fait et de ce que tu as fait de moi... 
Il y aura des hommes et des femmes intellectuelles qui me comprendront, me serreront la main, me taperont par amitié sur l’épaule et me demanderont avec admiration des autographes... 
Oui, Zanya !…. 
De vrais médecins m’applaudiront !... 
D’éminents professeurs, des Caïds, des Pachas, des Gouverneurs et des Ministres m’inviteront ! ... 
Oui, Zanya !… 
Des étudiants présenteront sur mes œuvres des mémoires et des thèses… 
D’autres m’acclameront et composeront sur mes phrases… 
J’aurai une camionnette sur laquelle j’écrirai en grosses lettres, «l’art qui bouge » et je partirai faire des expositions de ville en ville... de pays en pays... 
Je serai reconnu, célébré, fêté par les intellectuels, par les penseurs et par le monde civilisé... 
Les maisons d’éditions Eddif et Le Fennec s’intéresseront à moi…
J’aurais le prix Atlas…
Et qui sait ? Peut être, serai-je même reçu et décoré par… Sa Majesté le Roi Mohamed VI en personne… 
Oui, Zanya !… 
Plus tard j’aurais même le Goncourt… 
Quand je serais devenu tout vieux, ayant atteint le sommet de la gloire, je recevrais le prix Nobel... 
C’est alors que, toi Zanya, tu regretteras d’avoir un jour chassé de chez toi et traîné dans la boue un homme aussi illustre…» 

Oh ! Dieu ! Que m’arrive-t-il ? … Suis-je en train de perdre la raison ? Est-ce par étouffement de solitude que je m’entête à vivre par le rêve comme ceux qui renoncent à la réalité ? 
Six ans après avoir quitté cette femme, me voilà qui continue à lui écrire des lettres folles sans jamais les poster…" 

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PAROLES DE FOU
  • Certaines histoires ne s’inventent pas. Elles paraissent si tragiques, si terriblement inhumaines qu’elles nous font immanquablement penser á certaines fresques magistralement croquées par les grands maîtres de la littérature contemporaine. Pourtant, parfo
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